Fiona-Dana Armour artiste plasticienne x Valentine Gauthier.

Dana-Fiona Armour

Plasticienne, établie à Paris et résidente au POUSH. Ses installations et sculptures mêlent matières, couleurs et formes. Donnant aspect organique au marbre et celui de la peau au silicone. Ces blocs de pierre deviennent des formes molles, souples rappelant la chair (des organes ou parfois même des êtres bizarres sortis d’un film de David Cronenberg). Le silicone, lui, se détend, se déploie, accroché à une barre en inox tel une peau qu’un être étrange aurait retirée, faisant sa mue vers une nouvelle entité. Il n’y a plus de réelle distinction entre les humains, les animaux, les objets, les matières synthétiques et organiques. Dana transcende les frontières de la matière et des espèces dans une forme nouvelle empreint d’une sensualité étrange. Sorte d’érotisme froid de laboratoire scientifique. Dana fait partie de ces artistes qui ont une pratique transdisciplinaire où les sciences jouent un rôle fondamental dans ses recherches et son travail plastique, elle est en quelque sorte en artiste-chercheuse et ses pièces sont des interprétations plus sensibles et émotionnelles des faits. Ainsi, artistes et scientifiques se mêlent, collaborent pour amener à un nouveau stade de compréhension, dépassant les normes et visions communes.

Dana-Fiona Armour

Comment choisissez-vous les matières avec lesquelles vous travaillez ?

Le choix des matériaux est une composante essentielle de mon travail, de plus j’accorde beaucoup d’importance à les mixer entre eux afin, que d’une certaine manière, ils soient tous sur un pied d’égalité. Qu’il s’agisse de la poudre de calcium, du sang de cochon déshydraté ou encore du marbre, du silicone ou de l’acier. Je crée ainsi un monde hybride où les matières et les sujets interagissent.

De son côté Valentine choisit les matières avec lesquelles elle travaille en fonction de leurs caractéristiques esthétiques évidemment mais aussi leur impact écologique. Votre approche de l’écologie se fait par lobservation et dune certaine manière de la mise en scène de l’anthropocène actuellement à l’œuvre. Quel est votre rapport à l’écologie ?

La plupart de mes matériaux choisis sont naturels et durables, lorsqu’il s’agit de la pierre, du métal ou même des matières organiques comme le sang. Par la suite, j’y inclus des composants polymères tel que le silicone (qui est issu du sable) c’est pour « figer » l’organique,  en faisait cela j’établie un processus « durable » car cela préserver l’œuvre car ses matériaux seront conservés dans le temps long.

Si dans votre travail la couleur est assez peu présente du fait dun univers assez clinique, proche du laboratoire de recherche, dans les collections de Valentine les couleurs sont très importantes, avez-vous ressenti une affinité vis-à-vis de celles-ci ?

Les choix des mes couleurs est très important malgré leur subtilité. Les teintes sont souvent organiques évoquant la carnation de peau. Cela se retrouve dans mes objets en pierre mais également dans les peaux en silicone.

Ensuite vient la forme, inhérente à chaque matière pour reprendre rapidement Aristote. Les formes du corps, les formes des vêtements comme seconde peau protectrice et sublimant la silhouette. Les pièces de Valentine inspirées du vestiaire du travail et de luniforme vous ont-elles paru remplir cette double fonction de confort, de protection et de mise  en valeur ?

Ce que j’aime dans les pièces de Valentine c’est justement leur aspect de fonction mais également leur côté très féminine et esthétique. Elle sait mélanger tous ces aspects sans faire de compromis. En travaillant de manière presque sculpturale, en utilisant le drapé par exemple, qui fait également parti de mon corpus de travail.

Découvrez plus d’articles ici