Céline Chung

« Bao Family, c’est mon monde, c’est la place que je me suis créée, c’est tout ce que j’aime : une cuisine aux saveurs complexes mais au goût de reviens-y, des plats traditionnels mais modernes,
des lieux aux design entre Paris et Shanghai. »

La Bao Family se compose du Petit Bao, la cantine de la rue Saint-Denis qui a popularisé le Bao ! Et du Gros Bao (ouvert en Juillet dernier), dont le défi est de mettre en lumière et rendre accessible des plats phares des 8 styles culinaires de Chine comme le canard laqué à la pékinoise, les char Siu Bao du canton ou bien encore le lu rou fan de Taiwan.

La décoration de Gros Bao est signée par les architectes Mur.Mur.

CELINE

Céline, vous êtes la fondatrice de Petit Bao et de Gros Bao, parlez-nous de vous ?

J’ai 31 ans je suis franco-chinoise et j’ai suivi un parcours scolaire classique en étant le vrai cliché de l’élève asiatique bonne élève ! J’ai donc intégré une prépa et fait une école de commerce.  J’ai commencé ma carrière dans la mode, chez Chanel, ce qui était formidable car je suis depuis toujours, fascinée par la mode, par le savoir-faire et l’artisanat de luxe français. Après un an je suis partie pour une société de conseil, je travaillais pour des entreprises du CAC 40. C’était intéressant intellectuellement car j’étais confrontée à des entreprises très différentes les unes des autres et cette diversité comblait ma soif d’apprendre. Comme mes parents avait une maroquinerie dans le centre de paris, je les observais gamine, tout en jouant avec les cartons, et très vite monter mon propre projet est devenu une évidence ! Je me suis tournée vers la cuisine, ce qui était une reconversion totale, car je n’y connaissais rien! J’ai commencé comme serveuse chez PNY, puis le fondateur Rudy m’a proposé de les accompagner en tant que bras droit. J’avais en tête de monter un restaurant chinois cool à Paris, je voulais redorer le blason de cette cuisine très riche et variée, et casser les clichés. Quand j’étais enfant, ma mère ne cuisinait que chinois et j’étais trop contente d’aller à la cantine et de manger des frites !  Pour bien connaître et apprendre la cuisine chinoise je suis allée en Chine ou j’ai fait le tour des régions, puis j’ai appris à cuisiner avec des chefs chinois à Shanghai. En fait, c’est là-bas que j’ai élaboré la carte de mon futur restaurant ! Quand j’ai décidé d’ouvrir mon restaurant Petit Bao, mes parents étaient assez dépités, ils ne comprenaient pas mon choix alors que j’étais bac plus 5 ! ils imaginaient une vie différente pour moi!  Ouvrir un restaurant n’était pas un métier assez noble à leurs yeux. Je ne leur ai d’ailleurs pas dit tout de suite que j’ouvrais Petit Bao !

Quel est votre rapport à la mode ?

J’adore la mode. La manière dont on s’habille incarne notre personnalité. A travers le vêtement, on communique qui on est. C’est une expression de soi qu’on montre au monde. Un vêtement peut vous aider à gagner en puissance en énergie. Je me crée un personnage et un univers avec les vêtements.  J’aime mélanger les matières et être confortable ; j’aime pouvoir me mouvoir. Mon style personnel, même s’il est causal, est fait de mélanges entre l’orient et l’occident. D’ailleurs la robe Valentine Gauthier Lanis Picea Print que je porte m’évoque par ses imprimés les robes traditionnelles chinoises.

Il y a des points communs entre la mode et la cuisine ?

Oui bien sûr ! le savoir-faire, l’exigence et l’importance de bien choisir les produits et de bien les traiter ! Dans un vêtement réussi, chaque détail a été pensé tout comme chaque étape est pensée pour réaliser un plat savoureux et beau à regarder. La manière dont on découpe un légume ou une pièce de viande, tout comme la façon dont on taille un vêtement participe à sa beauté.

Qu’est -ce qui vous plait dans les collections de Valentine Gauthier ?

Le mélange d’imprimé et de matière.  Sa mode me fait voyager.

C’est une mode sensuelle dont la fluidité et les couleurs m’aident à sortir d’une dure réalité.  Cela me transporte dans un autre espace-temps !

Croyez-vous, vous aussi, que rien ne sera plus comme avant ?

Moi ça m’a fait changer des choses ! Je m’accorde, par exemple, plus de temps pour créer, pour réfléchir ou pour ne rien faire. Le vendredi est une journée consacrée à l’inspiration, je m’autorise à me balader, à lire, à écrire.  Je m’accorde enfin des moments pour me recentrer, avant j’étais dans un rythme effréné Ralentir m’a été bénéfique et j’ai l’impression que beaucoup de gens ont réfléchi à ce qui est vraiment important pour eux et aux relations qu’ils veulent avoir avec les autres.

 Regardez-vous systématiquement le “made in” d’un vêtement ou d’un accessoire ?

Oui, j’aime savoir où et comment sont fabriqués les vêtements que je porte Je suis prête à payer plus car j’ai conscience du cout social et humain du pas cher.  S’habiller et se nourrir peuvent aussi être des actes politiques !

Être vigilant sur la provenance des produits, respecter les saisons et les distances, savoir qui fabriquent les vêtements sont aussi une façon de mettre sa philosophie de vie en accord avec ses actes.